Le Béarn

 

 

 

L'abécédaire du Béarn

 

L’auteur a décliné les 26 lettres de l’abécédaire en autant de facettes les plus significatives et les plus symboliques des fondamentaux béarnais et a demandé la rédaction de ces 26 déclinaisons à 28 auteurs (1).

 

L’A comme l’accent est confié à Marc Bélit. Après la suppression des idiomes régionaux au profit d’une langue « nationale » issue de la langue d’oïl, un français cultivé qu’on parlait à la cour d’Ile-de-France, langue « sans accent », les « patois » disparaîtront à la Révolution mais, plus sûrement, par les hussards noirs de la République. Pourtant, Henri IV avait conservé l’accent béarnais et « engasconné » la cour. Pierre Emmanuel traite le Béarnais comme langue aux : « consonnes puissantes », « voyelles qui ouvrent un vaste espace intérieur », « rythme souple sans emphase ». René Char et Aragon lisaient leurs poèmes avec une accentuation grandiloquente. Marc Bélit déclare alors : « La langue est musique et l’accent mélodie ». Ariane Bruneton décrit l’émigration béarnaise. Plus oubliée que celle des Basques ou des Bigourdans, les cousinades, les voyages et échanges scolaires, les conférences, expositions et films, nous invitent avec force à redécouvrir les « cousins d’Amérique » qui se retrouvent à La Havane, la Guadeloupe, le Mexique, la Louisiane, l’Uruguay, l’Argentine, la Californie, voire l’Australie, entre 1830 et 1930. Le chef béarnais Yves Camdeborde ne jure que par sa garbure servie en potage ou en plat de résistance, arrosée de Madiran, avec une cuisse de canard confite dans sa graisse et un chou vert accompagné du haricot maïs frais ou sec. François Bayrou nous délecte avec l’affection des Béarnais pour « lo Noste Henric » roi de France, Béarn et Navarre. Christian Desplat évoque, avec brio, la position stratégique de Navarrenx, depuis le XIe siècle. Christophe Labes nous révèle les origines de la colonie britannique de Pau consécutive à la victoire du duc de Wellington, le 27 février 1814, à Orthez. Quant à notre collègue Christian Laborde, il fait remonter aux Vaccéens les vaches rouges aux cornes bleues sur le blason du Béarn. Passionnant non !

 

1 - « L’Abécédaire passionné du Béarn » - Jean Marziou - Éditions Gascogne - 2018 - 16 €.

 

 

Beneharnum la cité mythique

 

Aujourd'hui, le monde des chercheurs et des historiens convient que Beneharnum, la cité des Venarni, correspond à la ville de Lescar (1).

 

Sur quoi se base-t-on ? Pour l'essentiel, sur la densité des découvertes archéologiques faites dans ce secteur. Depuis la fin du XVIe siècle, de nombreux érudits béarnais ont tenté de localiser de manière précise Beneharnum. Leur choix majeur : Orthez ou Lescar. Pour l'auteur, aucune thèse ne doit être rejetée. Une patiente quête des récits historiques commence pour connaître la nature et l'origine de la souveraineté de la vicomté de Béarn et celle de l'emplacement de Beneharnum. Refusant une vassalité au roi de France, Charles VII, le trésorier de Gaston IV de Foix-Béarn rédige une chronique où il est dit que les Bernois d'Allemagne, venus combattre les Sarrasins aux côtés de Charles Martel, fondèrent le Béarn en 715. Légende bien commode pour ne devoir l'hommage qu'à Dieu et non au roi de France. Elle sera réfutée à partir de 1565. Lambert Daneau l'adapte et Pierre de Belloy la mythifie. C'est en 1640, que Pierre de Marca donne le coup de grâce au mythe bernois et rappelle que les Béarnais, descendants du peuple Venarni, remontent à l'Empire romain organisés autour de Beneharnum. Il reste à préciser l'emplacement de cette capitale du Béarn. La controverse des historiens porte sur le texte de l'itinéraire d'Antonin de la fin du IIIe siècle. Particulièrement, les stations routières omises et les distances - mille romain (1481 m) et lieue gauloise (2400 m) - séparant les stations mentionnées seraient erronées. Le futur évêque Pierre de Marca démontrera que Lescar comme Beneharnum étaient le siège de l'évêché béarnais et qu'Orthez ne le fut jamais puisque celle ville fit partie de celui de Dax. Une étude passionnante et non définitive.

 

(1) « Beneharnum - Les historiens et les origines du Béarn » - Thierry Issartel - Editions Gascogne - septembre 2000 - 14,95 €.

 

 

La souveraineté du Béarn

 

Pour achever l’unité territoriale du royaume, Louis XIII annexe, le 20 octobre 1620, l’une des dernières principautés : la vicomté de Béarn (1). Historien médiéviste reconnu, Pierre Tucoo-Chala nous entraîne dans une chronologie fouillée pour l’analyse de documents anciens, disparus pour la plupart.

 

La vicomté du Béarn est née au milieu du IXe siècle. Sa « souveraineté » maintes fois affirmée, proclamée même, est âprement discutée par les historiens et semble n’être pas encore définitivement résolue. À travers les siècles, les seigneurs de Béarn prétendent être les maîtres d’un « franc-alleu » (héritage libre de tous devoirs féodaux). Cette affirmation entraînera « de véritables passions partisanes ». L’auteur a recherché dans le Midi de la France les ouvrages qui évoquent cette « souveraineté » du Béarn, dès le Moyen Âge, donc une « autorité suprême à portée absolue ou une autorité simple à portée relative ». « Souveraineté », peut-être, mais vassalité, certaine envers les ducs de Gascogne (IXe-milieu du XIIe), puis les rois d’Aragon (1180-1214), les rois d’Angleterre (1270-1290) et (1310-1320). À la fin de la guerre de Cent ans, le Béarn est vassal du roi de France en sa qualité de comte de Foix et indépendant et « souverain » en sa qualité de vicomte de Béarn. Au XVIe, les vicomtes béarnais, devenus rois de Navarre, sont pris entre les mors d’un étau : Navarre (Espagne) et France. En 1512, les juristes du Roi préparent l’annexion mais les États de Béarn, « travaillés » par les Protestants, résistent jusqu’à la réunion au royaume de France, en 1620. Les « Fors » (XIIe) ne sont pas étrangers au sentiment « nationaliste » puissant des Béarnais qui « s’exacerbera quand le pays sera gagné par la Réforme ». « Souveraineté » discutable mais indépendance certaine, voir les documents et indexes, en fin d’ouvrage. Pierre Tucoo-Chala, décédé en janvier 2015, que j’ai rencontré par l’intermédiaire du regretté Marcel Derosier, Président de la Société Académique des H-P, était venu présenter aux Tarbais le prince Gaston Fébus, en 1982. 

 

(1) « La Vicomté du Béarn et le problème de sa souveraineté » de Pierre Tucoo-Chala - Nouvelles Éditions Louis Rabier - mai 2016-20 €.

 

 

Le Béarn

 

Une puissante évocation du pays réel soutenue par de nombreux photochromes, de 1895, au réalisme étonnant ainsi que de superbes photos d’aujourd’hui (1).

 

Jean-Christophe Sanchez s’attache à nous faire découvrir la situation géographique de cette terre, son évolution historique, à grands traits et la personnalité des Béarnais, qualifiée par l’abbé d’Expilly, de «fort laborieux, très adroits, industrieux, bons soldats, fidèles, sobres, économes et propres, mais on leur reproche d’avoir trop d’attachement à leurs intérêts et d’être dissimulés». Cet ancien État pyrénéen, vicomté devenue principauté souveraine, intégré en 1790 au département des Basses-Pyrénées, est devenu, depuis 1969, Pyrénées-Atlantiques. Pline et Strabon, les sources latines sont évoquées ainsi que les fouilles archéologiques à Jurançon, Bielle, Taron, Arbus. Dans «L’Itinéraire d’Antonin», Beneharnum (près Lescar), Iluro (Oloron-Sainte-Marie), annoncent les Centulle et les Gaston. Bientôt, Fébus est à Orthez, Sauveterre, Morlanne, Montaner. Marguerite et Jeanne de Navarre, c’est Morlàas et Pau. Photo sublime de la charpente en forme de coque de navire inversée, à Monein, fête de L’Assomption, à Laruns, puis, le saut dans le futur. Le Béarn, un Texas pyrénéen ? La pêche au saumon, l’or blanc ou l’histoire du ski en Béarn, l’extraction du sel de Salies, les mines et carrières, le gaz de Lacq et l’épopée de la Mâture avec son chemin à flanc d’abîme. Sylvia Robert explore les ressources naturelles du Béarn. Alain Cazenave-Piarrot nous entraîne dans les passages et cheminements à travers les Pyrénées béarnaises. Maires de la vallée du Barétous et leurs homologues de la vallée de Roncal se retrouvent chaque année devant la borne de la Pierre Saint-Martin. L’autorail «Canfranc» et les sentiers à pied permettent «d’aller de l’autre côté» par le Somport, «le Col suprême». Un livre passionnant avec de belles images et des textes inspirés.


(1) «Le Béarn - Regards sur un patrimoine» - Textes Alain Cazenave-Piarrot, Sylvia Robert, Jean-Christophe Sanchez, photos Étienne Follet - Éditions Loubatières - décembre 2011 - 29 €.

 

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© Claude Larronde