Les trois Fourcade

 

 

 

Une réception au manoir de Labarthe

 

 

Jacques Marie Fourcade - 1779-1862

Hautes-Pyrénées : 1831-1833 ---Vic-en-Bigorre : 1833-1842

 

 

 

Né au manoir de Labarthe, à Vic-en-Bigorre, le 4 juin 1779, fils de Jean-Baptiste Fourcade, avocat en Parlement, substitut du Procureur du roi à Sainte-Lucie, aux Antilles, en 1789, et de Jeanne Marie Labarthe, Jacques Marie Fourcade a exercé la profession d’avocat et accompli une carrière dans la magistrature. Juge auditeur à la Cour d’appel impériale de Pau (1808), substitut du Procureur général (1811), conseiller (1812), président de Chambre (1831), premier Président (1848-1849). Il est décédé à Vic-en-Bigorre, le 23 janvier 1862, et inhumé au cimetière de la Ville.

Activité politique

 

Élu député des Hautes-Pyrénées, le 23 juin 1830, il est réélu, le 10 avril 1831, puis échoue, le 5 juillet 1834, face à l'Intendant militaire Jean-Paul Dintrans. Il avait été nommé Conseiller général des Hautes-Pyrénées par ordonnance royale du 1er février 1831, sur proposition du Préfet Saint-Aignan. Constitutionnel, il adhère "au système du Gouvernement" en 1833. Puis, il se présente aux premières élections cantonales du 17 novembre 1833 ; il est élu par 35 voix sur 51 votants et 73 inscrits. Mais l’instance est litigieuse. L’élection est annulée, le 11 février 1834. Il se pourvoit en Cassation. Il siège à la session de juillet 1834 jusqu’à celle de septembre 1842. Il est remplacé par Bernard Lacaze, élu le 11 décembre 1842.

Autres éléments

    

Le 19 octobre 1805, Pierre de Pujo, fils de Charles Pujo-Nouilhan et d’Anne-Marie Thérèse de Harader-Lassalle, vend son moulin du « Claquet », à Vic-en-Bigorre, à Jacques Marie Fourcade pour 27500 francs (1). Au mois de décembre 1891, la ville de Vic-en-Bigorre acquiert le moulin du « Claquet ». Cet achat permet l’installation d’une usine électrique pour un éclairage public du centre-ville. La force hydraulique disponible au moulin fera tourner une turbine, grosse pompe centrifuge développant 50 chevaux-vapeur (2).

Sources

(1) Copie de l’acte de vente du 27 Vendémiaire, an XIV ou 19 octobre 1805 – A.D.H.P - S.24.

(2) « Les moulins de Vic-Bigorre » - Claude Larronde - S.V.E.I.M - 1995 - A.D.H.P - 3 M 96, 97. Annuaires - 1 N délibérations - AN, F/1b/II H.P 7-8. F/1c/III H.P 4.

 

 

Labarthe autrefois

 

 

Jacques Manuel Fourcade - 1862-1943

Vic-en-Bigorre : 1919-1931

 

Jacques Manuel Fourcade est né à Prades (Pyrénées-Orientales), le 5 août 1862. Fils de Jean-Baptiste François Marie dit Jules Fourcade (1825-1899), 1er Président Honoraire à la Cour d’appel de Lyon et de Joaquina Téresa Maria de la Merced Vendrell y Bonet, il épouse Jeanne Marie Henriette du Buit dont il aura cinq enfants dont Jacques Marie Joseph Manuel Fourcade. Il a été avocat au barreau de Paris, bâtonnier, en 1922 et 1923 et bâtonnier de l’ordre des avocats à la Cour d’appel de Paris, en 1928. Il fut, également, avocat-conseil de la ville de Paris et des chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée et de l’Est. Il est décédé à Vic-en-Bigorre, route de Montaner, dans son domaine de Labarthe, le 26 décembre 1943. C’est à Joaquina Téresa Maria de la Merced Fourcade que l’on doit l’érection d’une chapelle sur le domaine de Labarthe dans laquelle seront inhumés son mari Jules Fourcade, elle-même, en 1906, ainsi que son fils Manuel et son petit-fils Jacques Fourcade (1).

 

Activité politique

 

Il est classé politiquement comme progressiste à l'U.R.D. Jacques Manuel Fourcade est élu sénateur des Hautes-Pyrénées, le 25 septembre 1927 (2e tour), réélu, le 20 octobre 1935, jusqu’en 1940. Il sera Vice-Président du Sénat et Président au Conseil National. Élu au Conseil général des Hautes-Pyrénées, canton de Vic-en-Bigorre, lors du renouvellement général du 14 décembre 1919, il remplace Joseph Fitte décédé le 11 janvier 1915. Il est réélu, le 19 juillet 1925, devant Charles Cardebat, valeureux combattant de 1914-1918 et bouillant adversaire. À son tour, il sera battu au 2e tour par Léon Duprat, le 25 octobre 1931. Il vote la révision constitutionnelle du 10 juillet 1940 et il est nommé au Conseil national, créé le 22 janvier 1941, pour remplacer les Chambres et préparer une nouvelle constitution. Lors de son procès, le maréchal Pétain, ignorant son décès, devait demander qu'il assure sa défense. Il avait été président des Haut-Pyrénéens de Paris dont le maréchal Foch était président d'honneur.

Activité politique municipale

 

Il est élu maire de Vic-en-Bigorre à l’élection municipale du 5 mai 1925 et obtient 503 suffrages devant François Pucheu, pharmacien, 473 suffrages, et Louis Caujolle, brillant lieutenant de 1914-1918, professeur d'allemand au lycée Théophile Gautier de Tarbes. La lutte de sa liste d’Union Républicaine et des Intérêts Vicquois contre la coalition de la liste du bloc des Gauches, emmenée par le maire sortant Jean Barros, et celle de l’Union des Gauches, présidée par Charles Cardebat, a été sévère. Les « Vieux républicains » se réclament de Joseph Fitte, de sa personne et de son action : « Vous suivrez la tradition républicaine de Fitte. Vous voterez pour la seule liste qui s’inspire de cette tradition, l’unique liste républicaine ». Ils sont battus. Une recomposition politique a eu lieu. Liste électorale à dominante d’artisans et de gens de la terre, Jacques Manuel Fourcade a eu l’intelligence de comprendre, très tôt, que l’avenir est aux listes d’intérêts communaux et non plus aux listes d’inspiration politique dont l’action est décidée à l’extérieur de la commune. L’heure est au regroupement des forces communales pour reconstruire le pays et bâtir de nouveaux projets. L’élection du 5 mai 1929 confirme largement cette aspiration populaire. La liste d’Union des Républicains de gauche emmenée par Léon Duprat, conseiller d’arrondissement, Charles Cardebat et Guillaume Bonnecarrère, est battue et la liste de Jacques Manuel Fourcade l’emporte nettement. Lui-même n’obtient que le quatrième rang avec 431 suffrages. Le 5 mai 1935, il obtient 459 suffrages. La ruralité est le domaine de prédilection du maire vicquois. L’effort de son équipe porte, plus particulièrement, sur l’irrigation du territoire vicquois et la réglementation afférente. L’environnement paysager n’est pas oublié. En février 1939, les ormeaux de la Herray n’ont pas supporté la rigueur de l’hiver. Ils sont abattus. L’hiver suivant, la gelée achève les vieux palmiers de la place Gambetta. Les quatre mandats successifs de Jacques Manuel Fourcade ont été marqués par des phénomènes climatiques. Le 13 juillet 1927, un cyclone de grêle s’abat sur la ville, le 21 avril 1928, nouvelle tempête de grêle, le 1er septembre 1934, un ouragan s’abat sur Vic-en-Bigorre, le 1er septembre 1935, c’est un nouveau cyclone qui arrache les branches des platanes du Sendreix. On ne déplore aucun accident de personnes mais quelle désolation ! Ces années-là sont aussi celles du premier goudronnage des rues. Le 26 décembre 1943, la maladie a raison de lui, un an après la disparition de son prédécesseur Jean Barros.

Sources  

(1) Entretiens sur la famille Fourcade avec Mme Rossi (3 août 2006) et Mme Cazelles (9 août 2006).

Nomination des Maires et adjoints et série M - 1800-1940 - Plébiscites - Élections - 3M385, 3M398, 3M410 et 3M411 - A.D.H.P.

« Les Maires de Vic-Bigorre - De Louis XIV à l’an 2000 » - Claude Larronde - S.A.D.H.P - 1999 - p. 59 - A.D.H.P - 3 M147, 152, 1N délibérations.

 

 

Jacques Fourcade, Vice-Président de l'Assemblée nationale, à son bureau

 

 

Jacques Marie Joseph Manuel Fourcade - 1902-1959

Vic-en-Bigorre : 1937-1941 ----- 1944-1945

 

 

Le 22 septembre 1959, Jacques Chaban-Delmas, l'ami fidèle, Président de l'Assemblée nationale, bénit la dépouille de Jacques Fourcade. A son côté, Mgr Pierre-Marie Théas, Évêque de Tarbes et Lourdes.

 

Né à Paris (IXe arrondissement), le 27 avril 1902, Jacques Marie Joseph Manuel Fourcade est le fils de Jacques Manuel Fourcade, maire de Vic-en-Bigorre, du 5 mai 1925 au 26 décembre 1943, et de Jeanne Marie Henriette du Buit. Il épouse Irène Cancel-Senes et n’auront pas d’enfant. Très attaché à sa petite patrie vicquoise, Jacques Marie Fourcade est diplômé des Sciences politiques et docteur en droit et, comme son père, avocat au barreau de Paris. Il sera officier dans l’Armée de l’Air, en 1939-1940. Cultivé et érudit, il consacre son temps libre à l'écriture avec un essai "La République de la Province", une pièce de théâtre et des recueils de poèmes faisant toujours une large place au Val d'Adour vicquois. Comme son père Manuel, Jacques assume une double carrière politique, locale et nationale. Il s'est toujours consacré à sa ville de Vic-en-Bigorre et à ses habitants. Le samedi matin, jour de marché, il reçoit en son manoir de Labarthe ou à la mairie de la Ville. Les demandes sont nombreuses et variées : Une place à trouver au collège pour un fils, une demande de dispense de départ en Algérie, un emploi à l'Arsenal de Tarbes et bien d'autres où la ruralité est encore très présente et domine la vie locale. Il intervient, par deux fois, pour obtenir des subventions de l’État pour l’édification de la halle aux veaux et du bâtiment de la maternité départementale « La Maison de la Mère et de l’Enfant » qui sera construite à proximité de l’hôpital, rue de Maubourguet, à Vic-en-Bigorre. Au mois de septembre 1959, il s’apprête à plaider les dossiers les plus douloureux de l’accident de la gare de Vic-en-Bigorre qui eut lieu le 29 août 1959, lors de la commémoration du centenaire de l’inauguration de la ligne du chemin de fer Morcenx-Tarbes, dernier tronçon de la ligne Paris-Tarbes, par le couple impérial Napoléon III et Eugénie de Montijo, lorsqu’il perd le contrôle de son véhicule automobile. Les observateurs de l’époque pensent que le proche et terrible souvenir de ce drame local marqua profondément cet homme dévoué et sensible et que ses tragiques implications terrassèrent Jacques Fourcade sur le chemin de Paris, à Villechauve, dans le Loir-et-Cher, le 5 septembre 1959. Transportée sur un charroi, de l’église Saint-Martin à la chapelle de Labarthe, la dépouille mortelle est suivie par Jacques Chaban-Delmas et de nombreuses personnalités du département (1).

 

Activité politique

 

Directeur du Cabinet du ministre de la Justice Léon Bérard, de 1931 à 1932, il est élu député des Hautes-Pyrénées, le 17 juin 1951, réélu, le 2 janvier 1956, et encore réélu, en novembre 1958. Il est élu Conseiller général des Hautes-Pyrénées, canton de Vic-en-Bigorre, le 17 octobre 1937, en battant Jean-Marie Léon Duprat, candidat sortant. Il est prolongé dans son action par la prorogation du mandat des conseillers généraux en fonction, le 1er septembre 1939, jusqu’aux élections du 21 avril 1944. Au renouvellement général de septembre 1945, le Comité départemental de la Libération (CDL) demande sa révocation sous le prétexte : « A refusé son concours à la Résistance - Collaborateur », le 26 janvier 1945. Pourtant, il faut rappeler que lui-même est aviateur et, qu'au procès de Riom, où vont comparaître plusieurs ministres de la défaite et va le placer au nombre des défenseurs de ces illustres accusés. Il défendra Guy Lachambre, ministre de l'Air de la IIIe République. Pendant de longs mois, il ira à Bourassoles où se trouvent les ministres détenus pour visiter et soutenir le moral de son client. Jacques assiste donc à toutes les grandes et célèbres audiences de ce long procès, sa photographie est dans tous les journaux. Mais le procès tourne court ! Le maréchal Pétain en ordonne l’arrêt. Trop de conséquences, fâcheuses dit-on pour son gouvernement, ressortiraient de sa continuation. Les accusés restent captifs mais ne seront ni défendus ni jugés. Sa fonction de Conseiller général est terminée mais il a bien servi les intérêts de tous. Candidat à la présidence de la République, en 1953, Jacques Marie Fourcade a été élu premier Vice-Président de l’Assemblée nationale, sous la présidence de Jacques Chaban-Delmas, le 10 décembre 1958.

Activité publique

 

Élu Conseiller de l’Assemblée de l’Union française, le 20 novembre 1947, puis son Président, le 11 janvier 1950, il fut Président de la Haute Cour de Justice, en 1957, et Président des Juristes internationaux.

Sources 

(1) Entretien sur la famille Fourcade avec Mme Ghislaine Rossi, le 3 août 2006.

"Vic-Bigorre et son patrimoine" - Claude Larronde - S.A.D.H.P. - 1998 - page 173 - A.D.H.P. - 1N - 1939.

 

 

Avec François Mitterrand, ministre de la France d'outre-mer, en 1951 - collection Ghislaine Rossi.

 

Le 12 septembre 2009, Claude Larronde commente devant la préfète des Hautes-Pyrénées Françoise Debaisieux, la sénatrice des H.P Josette Durrieu, le sénateur des H.P François Fortassin, Claude Miqueu, Vice-Président du Conseil général des H.P et Jean Bordères, maire de Vic-en-Bigorre, une exposition d'archives et de photos familiales consacrée à Jacques Fourcade : l'homme, le poète, le politique, à l'occasion du Cinquantenaire de sa disparition survenue le 5 septembre 1959. Dans son télégramme de condoléances adressées à sa veuve, le général De Gaulle écrira : "Très ému par la nouvelle de la mort du président Fourcade, perte cruelle pour le pays...". Photo Josiane Pomés.

 

 

Les trois Fourcade ont emprunté le même dernier chemin vers la chapelle de Labarthe.

 

Poème écrit à Vic-en-Bigorre, en 1943.

 

Les notices biographiques des trois Fourcade rédigées par Claude Larronde ont paru en 2007 dans l'ouvrage "Les Conseillers généraux des Hautes-Pyrénées - 1800-2007 - Dictionnaire biographique" - pages 186-188.

 

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