Émigrations - Immigrations

 

 

 

L'émigration basco-béarnaise aux Amériques (XIXe siècle)

 

Les actes du 1er colloque international sur l’émigration basco-béarnaise aux Amériques, tenu à Pau en 2000, nous renseignent sur un phénomène social peu connu du grand public (1).

 

Au XIXe siècle, l’attirance d’une majorité de ruraux basco-béarnais pour l’Argentine s’amplifie. Les raisons du départ ? La conjonction de mauvaises conditions de vie, chez eux, et l’espoir d’une existence meilleure dans le pays d’accueil. Pourquoi essentiellement des ruraux ? L’émigrant est considéré par l’État fédéral «comme un homme simple, enfermé dans son village immobile, ignorant et incapable de comprendre les changements et les évolutions de la vie moderne, ce qui le rend inapte à toute prise de décision rationnelle». On estimait que l’émigration basco-béarnaise était faite d’une émigration de la misère, d’une émigration des cadets de famille ou du rejet du service militaire. Jugement trop hâtif, semble-t-il. Le vrai miséreux ne songeait même pas à partir, quant aux cadets, ils émigraient pour des raisons de dettes ou le désir d’agrandir l’exploitation ou un conflit avec les parents. Le rejet du service militaire ? Petite minorité.

 

L’apogée de l’émigration en Argentine a lieu dans les années 1840-1914. Si les Basques sont à pied d’œuvre de bonne heure dans les villes - Buenos-Aires - et dans les champs, les Haut-pyrénéens s’y engagent suite au rôle et à l’action du Dr Brougnes de Caixon. Pour les Basques, l’objectif final est le retour, mais pour les autres, les destins divergent en tous lieux. Cette étude passionnante doit beaucoup à l’Université de Pau et des pays de l’Adour sous la férule d’Adrian Blazquez qui a su animer une brillante équipe de chercheurs sur les émigrations vers toutes les Amériques, sur les régions françaises concernées ainsi que sur les circonstances historiques du départ depuis les ports aquitains de Bayonne et Bordeaux. Les 14 intervenants apportent beaucoup pour une bonne compréhension d’un épisode historique qui a concerné beaucoup de nos familles pyrénéennes.

 

(1) «L’émigration basco-béarnaise aux Amériques, au XIXe siècle» - Textes réunis par Adrian Blazquez - Éditions Gascogne - octobre 2005 - 28 €. 

 

 

 

Les immigrations en Midi-Pyrénées

(XIXe-XXe siècles)

 
 

Beaucoup d’études spécifiques, de monographies locales sur les départements, localité, ville, quartier, ont été réalisées mais il manquait une synthèse régionale (1).

 

Avant 1914, quels sont les métiers des migrants venus prioritairement de chez nos grands voisins ? Contrebandiers aragonais ou catalans, pâtres ou bergers, quincailliers, bimbelotiers, chiffonniers, peigneurs de laine et tondeurs, cordonniers ou vendeurs d’espadrilles ibériques, chapeliers Piémontais, doreurs argenteurs ou miroitiers d’Italie, pâtissiers suisses, gouvernantes d’enfants ou servantes allemandes, domestiques, tisserands, tailleurs et couturières espagnols, vendeurs de fruits et légumes, chaisiers Vénètes, musiciens allemands et accordéonistes transalpins. Ces étrangers du XIXe siècle feront souche et les mariages mixtes nombreux. Léon Gambetta n’était-il pas fils d’un épicier Génois établi à Cahors.

 

En 1911, 20000 étrangers dont 17000 Espagnols dans notre région. À Tarbes, on les recense dans les briqueteries, la métallurgie, le bâtiment. Au tournant de la Grande Guerre, les ministères de la Guerre et de l’Agriculture recrutent à tour de bras. La porte d’entrée des Hautes-Pyrénées est à Arreau, en 1916. Les indigènes de l’Empire colonial affluent. Le camp de Ger est envahi, les tirailleurs sénégalais donnent au secteur de la caserne Reffye de Tarbes le surnom de «quartier nègre». L’entre-deux-guerres marque l’abandon des terres et la dépopulation. La greffe italienne (51792) prend dans la décennie 1920-1930. Et le flux spontané des Espagnols (35289), en 1936, à Tarbes, se voit à la Société des Forges, dans l’entreprise Ousteau. Suivront l’exil des Républicains espagnols et celui des réfugiés de tous pays en «zone libre». Les Trente glorieuses verront l’arrivée des Portugais, les «rapatriements» d’Afrique du Nord et la venue des travailleurs Algériens, après 1962. Une très belle étude à lire et relire.

 

(1) «Histoire des Immigrations en Midi-Pyrénées XIXe-XXe siècles» - Laure Teulières - Éditions Loubatières - octobre 2010 - 19 €.

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© Claude Larronde